Journées portes ouvertes à la station Astredhor Loire-Bretagne : des pistes pour s’affranchir des évolutions climatiques

Les préoccupations liées au climat, avec en corollaire leur impact sur l’eau et la santé des plantes, se croisaient, au cours des ateliers et les présentations en salle, à l'occasion des journées portes ouvertes organisées à la station Astredhor des Ponts-de-Cé (49), les 20 et 21 septembre. Le grand écart technologique était flagrant entre de simples fagots de tiges creuses de sureau pour accueillir les hyménoptères chasseurs et des ombrières photovoltaïques, en passant par des LED pour lutter contre Thrips setosus. 

Les déclinaisons de ClimatVeg

Les travaux se poursuivent dans le cadre du programme ClimatVeg mené en Bretagne et Pays de la Loire (voir ici : "S’adapter pour garder la maîtrise du climat").

L’un des essais concerne la pose de filets d’ombrage sur hortensias. En 2022, l’impact de la couleur bleue n’avait pas été étudié, or elle présente de l’intérêt pour la compacité des plantes et leur tolérance au stress. C’est chose faite avec deux filets habituellement destinés aux travaux publics. Au final arrivent successivement, par ordre décroissant :
- Supratex (bleu foncé) ;
- Longarex (bleu moyen) ;
- Ombramâche (noir) ;
- Alphavent 50 (vert, la meilleure référence dans les essais 2022) ;
- la modalité témoin ;
- Alphavent 50 blanc, avec un tissage différent de celui de 2022.

Il faut rester vigilant sur les effets morphologiques probables liés au changement du spectre lumineux. Ils seront étudiés l’an prochain, tout comme la consommation en eau selon le filet. La praticité du positionnement en culture commerciale (sur arceau plutôt que sur bambou comme à la station) est posée. Quid aussi d’une sorte d’ombrière sur les plateformes ?

Par ailleurs, un autre volet de ClimatVeg portait sur le refroidissement du sol sur plateforme extérieure. À la suite des essais de 2022, la réduction de la température au sol par augmentation de l’albedo* a été étudiée, sur Griselinia en pots de 2 l distancés, cette fois avec une toile blanche, une toile grise Phormicool et une toile noire, référence de la production (les trois tissages en 130 g/m²). Les mesures ont été effectuées avec une caméra thermique à une température de l’air de 33 ° C. Pendant les pics de chaleur, la toile blanche a réduit d’au moins 7 °C la température au sol, alors que la toile grise était peu performante, mais davantage que la noire. Un écueil est l’obligation de porter des lunettes de soleil en raison de la réverbération sur une plateforme blanche.

En perspective pour 2024 : la mesure de l’effet de la toile blanche sur la croissance des plantes (effet albedo sur le feuillage), son évaluation sur d’autres cultures et sur de plus grandes surfaces.
La station teste par ailleurs divers végétaux en vue d’éviter la tonte sur le pourtour des parcelles : érigeron annuel, achillée à feuille de criste, lippia, Phuopsis stylosa…

Les fruitiers de pépinière aussi

L’intérêt des particuliers et des collectivités pour les fruitiers conduit Astredhor à se pencher sur leur production en pépinière. L’effeuillage automnal est expérimenté afin d’empêcher la ponte des pucerons et d’éviter les infestations au printemps.

Sur cerisiers et pommiers, la station angevine a testé l’action défoliante de Chélonia Cu 93 et Oliplant Zn 34, en combinaison ou non avec de l’argile (kaolin Sokalciarbo). Elle tire parti de la validation de cette méthode de lutte alternative en arboriculture fruitière commerciale à l’appui des essais de la station de la Pugère (13) contre le puceron cendré sur pommier.

C’est la rapidité de chute des feuilles (en traitant de préférence avant mi-septembre) qui importe et Chélonia a produit les meilleurs résultats. Toutefois, l’effeuillage précoce provoque des plaies et constitue ainsi un risque d’entrée pour d’autres pathogènes. Néanmoins, sûrement grâce au cuivre, Chélonia limite fortement ce risque et, sans ambiguïté, il se positionne comme un premier choix. De surcroît, pour les interventions, l’arrachage régulier des fruitiers de pépinière élimine la question de la dose globale pluriannuelle de cuivre autorisée par la réglementation européenne. L’argile a amélioré les performances des deux défoliants dans une proportion étonnante. Les travaux se poursuivent avec Chélonia sur plusieurs modalités.

Différentes expérimentations sur la lutte sanitaire, contre pucerons principalement, présentés lors des journées portes ouvertes d’Astredhor Loire-Bretagne, feront l’objet d’un prochain article.